Les
variations climatiques depuis 700 000 ans
Depuis plus de 700 000 ans,
le climat terrestre oscille naturellement entre des périodes relativement
chaudes, comme aujourd’hui, et des périodes plus froides. Le rythme de ces
variations est d’origine astronomique. D’autres processus, comme le partage du
CO2 entre l’océan et l’atmosphère, amplifient les effets des
variations d’insolation d’origine astronomique.
I – Les témoins des
variations climatiques
1) Les calottes polaires, témoins des variations de température
et de CO2
·
La vapeur d’eau est plus
pauvre en 18O que le liquide dont elle est issue. Inversement, les
eaux de condensation sont plus riches en 18O que la vapeur. La
vapeur issue de la mer est donc plus pauvre en 18O. Plus il fait
froid, plus cette vapeur se condense, plus la vapeur résiduelle est appauvrie
en 18O.
·
On a étalonné cette
relation entre 18O et température. La glace antarctique vient du
tassement de 400 000 ans de chutes de neiges. L’analyse du 18O d’une carotte de glace permet de retrouver les
variations locales des températures, au niveau du site de forage. Au centre de
l’Antarctique, la température moyenne a varié entre - 45 et - 53 °C.
·
Les carottes de glace
permettent aussi d’analyser la composition des bulles d’air qu’elles
contiennent, témoins de l’atmosphère de l’époque de la chute de neige. Le CO2
a varié de façon parallèle aux variations de température.
2) Les sédiments océaniques, témoins des variations du
volume des glaces
·
La glace des calottes est
appauvrie en 18O de 40 ‰ par rapport à l’océan. Comme le volume
global océan + calotte et constant, plus les calottes sont volumineuses, plus
l’eau de mer est, par différence, riche en 18O.
·
Analyser l’eau de mer
permet d’estimer le volume global des glaces et ses variations. La composition
de l’eau de mer peut être déterminée par l’analyse des tests de Foraminifères
benthiques, qui vivent au fond de la mer, à température constante. Les carottes
de sédiments marins permettent d’estimer le volume des glaces depuis environ 1
million d’années. Il a varié de 25 millions de km3 dans les périodes
interglaciaires, à plus de 65 millions de km3 lors des périodes
glaciaires. Le volume des calottes varie de façon inverse à la température
antarctique.
3) Les fossiles et la morphologie des continents, témoins
des variations du climat
·
Dans les zones tempérées,
les lacs et tourbières contiennent des fossiles, entre autres de pollens et de
Gastéropodes, attestant de climats anciens plus froids précédant l’époque
actuelle.
·
En montagne, les traces
laissées par les glaciers montrent que ceux-ci envahissaient périodiquement les
plaines environnantes.
·
Ainsi, différents marqueurs
chimiques (isotopes de l’oxygène…), paléontologiques (pollen…),
sédimentologiques (dépôts fluvio-glaciaires…) et morphologiques (moraines…)
attestent des changements climatiques depuis près d’un million d’années. Des
périodes glaciaires ont alterné avec des périodes interglaciaires. Une certaine
rythmicité apparaît dans la succession de ces périodes.
II – Causes et effets
amplificateurs des variations climatiques
1) L’astronomie rythme les variations climatiques
·
L’orbite de la Terre,
l’inclinaison de son axe de rotation et l’orientation de cet axe varient
régulièrement. Cela induit des variations périodiques d’ensoleillement
globales, mais surtout locales. Ainsi, l’insolation estivale des zones polaires
varie de plus ou moins 40 W/m2 autour de la valeur moyenne.
·
Pour que des glaciers
s’installent en zone polaire, il faut entre autres des hivers longs et peu
rigoureux (beaucoup de neige) et des étés courts et frais (peu de
fontes) ; inversement pour que les glaciers régressent.
·
L’insolation sur le nord de
l’hémisphère nord et le volume des glaces oscillent avec le même rythme. Les
fortes déglaciations coïncident toujours avec des périodes de fortes
insolations estivales dans l’hémisphère nord.
2) L’amplification des effets astronomiques
·
Les variations
d’ensoleillement sur l’ensemble de la planète sont trop faibles pour expliquer
les très grandes différences climatiques observées entre périodes glaciaires et
interglaciaires. Il existe des mécanismes amplificateurs.
·
En voici deux
exemples : le CO2 est plus soluble dans l’eau de mer froide que
dans l’eau de mer chaude ; neige et glace absorbent moins d’énergie
solaire que terre ou mer. Si, pour une raison « astronomique », la
température baisse un peu, du CO2
atmosphérique se dissout dans l’océan et la surface glacée ou neigeuse
augmente. La baisse du CO2 atmosphérique entraîne une baisse de
l’effet de serre et de la température ; l’augmentation des surfaces
glacées diminue l’énergie absorbée par la Terre, et donc la température. Une
faible diminution de température sera donc amplifiée. On peut ainsi établir une
sorte de « boucle de rétroaction positive »… qui amplifiera d’une manière
semblable une hausse de température.
3) Les modifications anthropiques du climat
·
Les variations naturelles
de température moyenne au Quaternaire sont parallèles aux variations du CO2
atmosphérique : les variations mesurées pour le CO2, variations
entre 180 et 280 ppmv (ppmv = partie par million de volume), ont été
accompagnées de variations des températures moyennes du globe d’environ 5 °C.
·
Or, depuis le début du XXe
siècle, l’activité humaine a déjà fait progresser le CO2 de 280 Ã
370 ppmv, et les prévisions estiment que l’augmentation va continuer pour au
moins un siècle encore. De combien de degrés cette augmentation du CO2
va-t-elle être accompagnée ? Les prévisions chiffrent cette augmentation
entre 2 et 6 °C d’ici 2100.
Les variations du climat au cours
des 800 000 dernières années et la connaissance des différents mécanismes
qui semblent en être les causes permettent ainsi d’élaborer des modèles
d’évolution climatique possible, à court terme, et d’en percevoir les
conséquences. La prévision des climats du futur est un enjeu à la fois de
recherche scientifique et de société.
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